GUERRE et ÉCONOMIE : LA DIFFICILE EQUATION

A l’aube des accords de normalisation entre Israël et l’Arabie Saoudite et l’acceptation de l’existence d’Israël dans la région, le Moyen Orient aurait dû connaitre, comme l’avait annoncé le Premier Ministre de l’Etat Hébreu, Benyamin Netanyahou, une nouvelle ère de prospérité dans la région:

Mais les terroristes palestiniens de la Bande de Gaza en ont décidé autrement : le 07 octobre 2023, 06 :30, en l’espace de quelques heures, Israël est plonge dans un cauchemar sans précèdent : près de 3000 terroristes du Hamas attaquent les kibboutz et certaines villes du sud d’Israël et assassinent sauvagement 1400 civils, dont des bébés, détruisent tout sur leur passage et prennent en otage 240 israéliens. Le pays dans son ensemble est en arrêt, avec des implications économiques immédiates.

360,000 réservistes, soit 0.8% de la population active, se retrouvent au front, 250 000personnes du sud et du Nord du pays sont déplacées, le système éducatif en pause, empêchant les parents de se rendre sur leur lieu de travail et d’être productifs.

Tous les secteurs d’activité sont instantanément touches : restaurants et magasins fermes, compagnies aériennes annulant l’intégralité de leurs vols avec une incidence directe sur le tourisme. Les fermes agricoles du Sud du pays sont brulées et détruites,  les chantiers immobiliers stoppées.

En bref, c’est l’Economie dans sa globalité qui s’arrête ; l’augmentation des dépenses militaires, la réduction des effectifs et l’évacuation des habitants ont un impact immédiat sur l’économie. Si la guerre se limite au front Sud, le cout devrait s’élever a 2.3 milliards de shekels par semaine, – 600millions de USD – soit 6% de production intérieure brute que l’Etat d’Israël perd chaque semaine (source : Rapport de la Banque d’Israël du 7/11/2023)

Israël avant le 7 octobre : Une économie forte et stable

A la veille de la guerre, Israël affiche une économie forte et stable qui lui permettra sans aucun doute de se relever économiquement, comme le pays l’a toujours fait après ses différents conflits. Tous les indicateurs économiques étaient au vert, nettement supérieurs à ceux des pays développés :

Avec une croissance estimée de 3%,

  • des réserves en devises de plus de 200 milliards de USD,
  • le plein emploi, taux de chômage d’environ 4%
  • un déficit budgétaire de 3% et un taux d’endettement de
  • une inflation maitrisée a moins de 4%, les Israéliens ont un des pouvoir d’achat les plus élevés de l’OCDE avec plus de 56000usd/habitant et par an

 Des conséquences immédiates

Dès l’entrée en guerre, les conséquences sur l’économie sont immédiates, avec une incertitude sur l’évolution du conflit et l’importance de l’impact économique & financier.

  • Interruption de l’exploitation du gisement de gaz Tamar, soit une perte de 200 millions de USD de revenus mensuels
  • Baisse drastique des investissements dans les start-up
  • Dévaluation du Shekels face au dollar et à l’euro avec un taux nis/usd au plus bas depuis 10 ans. La Banque Centrale réagit immédiatement pour soutenir la monnaie, et vend plus de 30 milliards de dollars
  • La consommation privée a chuté de près d’un tiers dans les jours qui ont suivi le déclenchement de la guerre
  • Sur les bourses, l’impact de la guerre a également été visible très rapidement. Les actions israéliennes sont délaissées sur les marches, le principal indice de Tel Aviv a chute de 15% (en USD)

Selon le Gouverneur de la Banque centrale, la guerre contre le Hamas – si elle est limite au seul front Sud – risque de générer une diminution de la croissance de 15% sur un an. Pour 2023, la croissance prévue de 3% passe au lendemain du 07 octobre   à 2.3%   En 2024, les prévisions sont actuellement de 2.8%, chiffre qui sera sans aucun doute réactualise en fonction de la durée et de l’ampleur de la guerre. Car il est certain que si d’autres fronts notamment celui du nord s’embrasent, les prévisions 2024 économiques seront nettement a la baisse.

Par comparaison, la guerre du Liban en 2006 avait couté 0.5% de croissance et l’offensive de Tsuk Eytan qui a endure 53 jours a coute 0.4% de croissance au pays

Selon un rapport de la banque Hapoalim, le cout économique de la guerre contre le Hamas s’élèvera au minimum de 27 milliards de shekels, soit 1.5% du PIB

La baisse des recettes fiscales sur le 4e trimestre 2023 mais surtout sur l’année 2024, accompagnée de l’augmentation des dépenses de l’Etat entraineront un déficitaire budgétaire de 8% sur 2024 au lieu des 3% avant le conflit. L’augmentation des dépenses militaires sont concentrées surtout sur la fin 2023, mais les dépenses liées au plan de relance économique se ressentiront en 2024, La traduction directe étant une augmentation du déficit budgétaire de 2.3% de 3.5% en 2024 (Sources Banque Centrale d’Israël)

Dans ce contexte, le taux d’endettement du pays passera a 62% du PIB en 2023 et a 64% du PIB en 2024.

Les secteurs d’activité les plus touches sont très certainement le tourisme, la construction et  l’agriculture

  • Le secteur du tourisme qui représente 3% du PIB israélien et emploie 6% de la population active   est terriblement affecte : hôtels, plages de Tel-Aviv ou encore les rues de Jérusalem sont vides.

Les populations du nord et du sud qui ont du être évacuées ont été replacées dans les hôtels de Tel-Aviv, mer morte ou encore Eilat

Toutes les compagnies aériennes ont interrompues leur liaisons avec Tel-Aviv

Annulation des vols depuis le début de la guerre

  • Le secteur de la construction comme celui de l’agriculture, sont également les plus touches : la main d’œuvre peu qualifiée est composée essentiellement de palestiniens de Judée Samarie pour le secteur de la construction ou de Gaza pour agriculture (20,000 palestiniens travaillent dans les fermes du Sud du pays!). Au lendemain du 7 octobre, aucun permis de travail ou laissez passer n’est autorise. Tous les chantiers en cours sont au point mort et Les récoltes dans les kibboutz du Sud ne peuvent pas être cueillies
  • Le secteur de la High-Tech, qui représente 18.1% du produit intérieur brut (la richesse créée par le pays0 et plus de 40% des exportations est fortement touche, avec 10% de ses employés au front.

Le plan de sauvetage

  • Alléger la trésorerie des entreprises
  • Allouer des subventions pour compenser la perte de revenus (sur le modèle du Corona)
  • Financer les couts des salaries mis en conges sans solde
  • Remplacer la main d’œuvre palestinienne : Le ministre israélien de l’Intérieur, Moshe Arbel, et l’ambassadeur du Sri Lanka en Israël, Nimal Bandaranaike, ont signé un accord qui permettra à Israël d’embaucher immédiatement 10 000 travailleurs agricoles sri-lankais. Cela fait suite à l’approbation par le cabinet la semaine dernière permettant aux entreprises israéliennes de faire venir 5 000 travailleurs dans le pays pour le secteur agricole.

Un plan qui laisse de cote les entreprises individuelles

Le plan approuvé par la Knesset s’articule autour d’aides aux entreprises pour assurer leur continuité, et une prise en charges d’une partie des salaires des employés mis en conges sans solde du fait de la guerre.

Selon le plan approuvé, l’indemnité concernera toutes les entreprises du pays  dont le chiffre d’affaires est compris entre 12 000 et 400 millions de shekels avec une diminution du chiffre d’affaires de plus de 25% par rapport au même mois de l’année précédente, ou 12,5% ​dans les cas de déclaration bimensuelle. Concernant les entreprises ayant démarré leurs activités après le 2 septembre 2022, le droit a une subvention sera examinée selon une moyenne mensuelle du chiffre d’affaires des transactions sur la période d’activité de l’entreprise, jusqu’à la fin d’août 2023.

Il est clair que ce plan est largement insuffisant et absolument pas comparable aux indemnités versées au moment du corona. Ce plan  n’indemnise la perte de revenus mais participe uniquement a une subvention très faible pour les dépenses opérationnelle et les salaires.. Ce qui veut dire que les petites entreprises qui ont peu de dépenses opérationnelles et qui n’ont pas de salaries sont laissées de cote

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